Contribution au numéro, intitulé «200 voix pour le design graphique», Étapes 200, 2012

 

 

 

 

Etapes 200

Quel seraient les projets à mettre en place pour améliorer la (re)connaissance du graphisme par le grand public et les institutions?

Le «grand public», qui est-ce? Une couche sociale? Une tranche d’âge? La majorité, ceux qui ont voté pour Sarkozy en France, décidé l’interdiction des minarets en Suisse ou bien ceux qui souhaitent la sortie du nucléaire en Allemagne?
Les sondages organisés régulièrement, permettent aux agences de marketing de faire l’état des lieux du comportement de la société. Ceci pour cerner les habitudes, les envies ou les peurs d’un plus grand nombre et d’en tirer des conclusions généralisatrices par rapport à nos façons et capacités de percevoir et de comprendre. Les moyens financiers attribués aux campagnes publicitaires qui en résultent définissent clairement leur but: inciter à consommer pour générer du bénéfice. Elles sont omniprésentes et incontournables, mais répondent-elles réellement à l’esprit de la société, ou au contraire, formatent-elles le public en imposant les manières dont il regarde, perçoit et se comporte?

Une société démocratique ne peut se résumer à une masse de consommateurs. Il est important qu’il existe des institutions favorisant la réflexion et le débat public. La mission principale d’une association, d’une école, d’une université, d’un musée ou d’un théâtre n’est pas de vendre des produits, mais de former, d’interroger, de sensibiliser. Ces institutions sont des commanditaires importants pour les graphistes qui se spécialisent dans la mise en forme de l’informations.

En tant que designers graphiques, nous concevons des supports dont l’objectif est de véhiculer du sens. C’est notre métier de rendre lisible des circonstances parfois complexes. Plutôt que de séduire par des jolies images, notre travail consiste à rechercher clarté et transparence. Pour faire respecter les messages que nous transmettons, il nous paraît logique de respecter également la souveraineté de ceux à qui nous nous adressons. En ce sens, nous ne pouvons pas concevoir nos projets à partir du plus petit dénominateur commun. Justement, il s’agit d’interroger les conventions pour parfois les remettre en question. Nous nous adressons au public en attribuant à chaque individu un esprit critique ainsi que la capacité de décoder et de réfléchir.
Malheureusement, les institutions ne sont pas épargnées par la commercialisation croissante du quotidien. La baisse des budgets les met davantage sous pression. Ce climat ne favorise pas les prises de risques. D’autant plus, il est important de continuer à revendiquer un graphisme de qualité et de ne pas cesser d’encourager les responsables des institutions à affirmer leurs projets et à prendre parti, également, à travers une communication visuelle innovante.
L’expérimentation et la recherche sont primordiales pour l’avenir du graphisme. Pour cela, les écoles de design jouent un rôle important. Lier la forme davantage au sens, consisterait à former des graphistes conscients de leur responsabilité envers la société.
Au delà des écoles spécialisées, il reste également du travail. Prenons l’exemple du manque de soin qui en général caractérise les petits supports de communication, diffusés par l’enseignement public. C’est par là aussi commence le respect des lecteurs et donc de leur reconnaissance du graphisme.